Manifeste — Ce qui traverse mes livres
Ce manifeste n’est pas une explication.
C’est un seuil.
La porte d’entrée vers l’univers qui anime tout ce que j’écris.
La tension Cité / Forêt
Nous vivons dans deux mondes superposés : la Cité, qui rassure, cadre, ordonne ; la Forêt, qui ouvre, dévore, libère.
Chacun de mes livres explore cette tension.
La Cité offre la sécurité de la norme et de la raison. La Forêt est la liberté d’embrasser les forces titanesques de son inconscient et la puissance de ses pulsions.
Ce n’est pas un choix moral. C’est une respiration. C’est le mouvement fondamental de l’humain contemporain.
Les personnages de mes romans marchent dans cette faille : la zone exacte où l’on cesse d’être l’un pour devenir l’autre.
Le désir comme force
Je ne traite pas le désir comme une émotion, ni comme un moteur psychologique.
Le désir, dans mon univers, est une puissance animiste, une force autonome, qui cherche, pousse, oriente, déplace.
La pulsion devient désir lorsqu’elle est reconnue.
Le désir devient totem lorsqu’il est honoré.
C’est le mécanisme central de mon monde.
Dans La Bête, il est animal et initiatique.
Dans PIG.EXE, il devient protocole et interface.
Dans Victor A., il se transforme en voie occulte.
Le désir est un personnage, parfois le plus dangereux.
La psyché externalisée
Nous ne vivons plus à l’intérieur de nous-mêmes. Nos pensées existent dans des machines, des objets, des flux.
Dans mon univers, la psyché est exposée, fragmentée, hors du corps.
C’est la grande transformation hypermoderne : ce que nous croyions intime ne l’est plus. D’où les IAs ou les pratiques fétichistes qui agissent comme des miroirs et qui traversent mes histoires.
Les fétiches ne sont pas perçus comme des outils ou des pulsions, mais comme des esprits du milieu.
Ils sont vivants. Ils ont des totems. Ils répondent.
L’animalité et les esprits
Je travaille avec l’idée que le monde est animé : chaque lieu, chaque geste, chaque pulsion porte un esprit.
Dans mes récits, les forces animales ne sont pas des métaphores. Elles sont des présences.
Elles ne représentent pas : elles participent. Elles orientent. Elles exigent.
Mon écriture est une tentative de dialogue avec ces puissances, un effort de compréhension plus que de domination.
Pourquoi j’écris
Pour donner une forme aux forces qui traversent mes nuits.
Pour célébrer le sauvage dans l’humain.
Pour comprendre ce qui, dans nos désirs, ne nous appartient pas.
Pour décrire la façon dont la Forêt et la Cité se livrent une guerre silencieuse dans nos corps.
Pour offrir aux lecteurs une cartographie de leurs propres contradictions, une carte intérieure où le danger et la beauté ne sont jamais séparés.
Ce que vous trouverez dans mes livres
- des personnages en crise
- des corps qui cherchent leur vérité
- des forces qui dépassent l’humain
- des pulsions qui deviennent langage
- des totems qui deviennent guides
- un mythe contemporain en expansion
Ce que vous pourriez y perdre
Votre confort.
Votre certitude.
La frontière entre vous et vos désirs.
Mais jamais votre liberté.